LES CRITERES DE DISCERNEMENT VOCATIONNEL

II. Critères de la dimension religieuse

LES CRITERES DE DISCERNEMENT VOCATIONNEL

LES CRITERES DE DISCERNMENT VOCATIONNEL

AU COURS DE LA FORMATION INITIALE

(Suite du texte – la publication précédente à ce propos date du 18/08/2021)

II. Critères de la dimension religieuse

Cette dimension concerne le jeune en formation dans sa relation avec Dieu qui appelle et les valeurs chrétiennes par lesquelles il ou elle répond à l’invitation divine.

1) L’authenticité des motivations vocationnelles

Le discernement vocationnel se porte d’abord sur les motivations du jeune en formation. Dès le début de la formation, le jeune doit être capable d’exprimer clairement ses propres motivations vocationnelles : Que cherche-t-il ? Pourquoi voudrait-il entrer dans la vie religieuse, devenir prêtre/frère/sœur ? A ce niveau, la question de Jésus à ses premiers disciples est très intéressante :

« Que cherchez-vous ? » (Jn 1,38). Le jeune doit savoir exprimer clairement son désir ou son projet vocationnel : ce à quoi il pense que le Seigneur l’appelle.

Du point de vue psycho-spirituel, il est vrai qu’au début et même tout au long du cheminement vocationnel, les motivations vocationnelles ne sont totalement pures ou objectives ; il n’est pas rare que les motivations inconscientes s’y mêlent : au niveau conscient le jeune candidat peut proclamer son désir de se mettre au service des autres, mais au niveau inconscient, il peut être motivé par d’autres désirs contraires au service du prochain. Il peut vouloir travailler pour la gloire de Dieu, mais pratiquement il va travailler pour sa propre gloire. Mais aussi, les motivations peuvent se purifier au cours de cheminement formatif.

Il faut voir si ses motivations, son idéal, son projet vocationnel correspondent non seulement aux valeurs évangéliques sur lesquelles qui fondent la vie consacrée, mais aussi s’ils peuvent se réaliser dans le contexte du charisme de l’institut. Par exemple, viser la promotion sociale ou pour faire des études avancées ne semble pas être une motivation suffisante pour entrer dans l’institut dont le charisme est de servir Dieu en se mettant au service des plus pauvres.

Dans le discernement des vocations, une attention particulière se portera sur les dynamiques subconscientes qui risquent de saper le projet vocationnel. On peut signaler 4 exemples des influences négatives de ces dynamiques subconscientes :

a) La vulnérabilité de l’idéal vocationnel : Le jeune peut proclamer avec sincérité sa détermination à vivre l’idéal vocationnel, mais aussi il peut inconsciemment chercher à gratifier les besoins dissonants ou à se défendre contre les conflits intrapsychiques non résolus. La vulnérabilité de son idéal consiste dans le fait qu’il cherchera à gratifier inconsciemment ses besoins et ceci risque de limiter sa liberté à se donner à Dieu et à servir son prochain. Ses énergies sont principalement canalisées vers la gratification des besoins dissonants de sa personnalité.

b) L’irréalisme de l’idéal vocationnel : L’inconscient peut créer la contrariété entre l’idéal vocationnel et les prédispositions psychiques. Le jeune peut proclamer l’idéal vocationnel qui ne correspond pas aux zones intérieures les plus fortes de sa personnalité. Dans ce cas, l’idéal vocationnel est dit irréaliste, car il est projeté par les faiblesses psychiques de la personnalité. L’idéal en soi peut être bon, mais il peut ne pas avoir de fondement solide dans les psychodynamiques du jeune. Alors, comment pourra-t-il réaliser son idéal vocationnel), s’il ne dispose pas de matériel nécessaire?

c) La stratégie des pseudo-valeurs : Dans certains cas, l’inconscient peut porter le candidat à choisir l’idéal vocationnel, apparemment pour un don total de soi à Dieu et pour un service gratuit du prochain, mais indirectement pour affronter ses problèmes inconscients. D’une part, il peut chercher indirectement la gratification secondaire de ses besoins inconscients : par exemple, servir les autres pour recevoir reconnaissance et considération pour la personne qui a une basse estime de soi ; obéir passivement et ne jamais exprimer son opinion par peur de perdre la dépendance affective des supérieurs. D’autre part, il peut utiliser la fuite défensive : l’idéal vocationnel sert à éliminer un besoin inconscient inacceptable (par exemple, les pulsions agressives et sexuelles) à travers une recherche narcissiste de la perfection dans la vie consacrée ou de la chasteté.

d) L’irréalisme des attentes vocationnelles : Le candidat nourrit des attentes irréalistes face à sa vocation quand, inconsciemment elle désire la gratification de ses besoins ou espère que la vie consacrée pourrait éliminer complètement ses conflits intrapsychiques non résolus. C’est le cas du candidat qui inconsciemment se met au centre de l’attention de la communauté et attend que ses confrères le traitent comme faisaient les membres de famille naturelle. L’irréalisme de ses attentes consiste dans le fait d’attendre de la communauté religieuse ce qui n’entre pas dans ses objectifs.

Quand ces attentes ne sont pas satisfaites, le jeune se sent frustré et commence à développer un style défensif. Ce qui crée un cercle vicieux : plus le jeune est inconsistant, plus ses attentes sont irréalistes, plus il se sent frustré. Et ce cercle vicieux complique sa persévérance et sa capacité d’internaliser les valeurs vocationnelles, comme le montre ce schéma de ce cercle vicieux.

Ce sont ces psychodynamiques inconscientes qui sapent le processus de configuration totale au Christ : certains novices entrent facilement dans le processus de formation et d’autres n’y arrivent pas malgré leur bonne volonté. C’est dans les moments difficiles qu’on voit la solidité de la vocation de la personne consacrée.