PAUVRETÉ ET COMMUNAUTÉ

Voeu de pauvreté - 8

PAUVRETÉ ET COMMUNAUTÉ

PAUVRETÉ ET COMMUNAUTÉ

(cf. T.J. van Bavel, Au cœur de la vie religieuse)

La pauvreté librement voulue crée la solidarité et établit la communauté. C'est le cas à la fois de la pauvreté au sens de « communauté de biens » et au sens d '« attitude du cœur ». La pauvreté est plus qu'une simple condition préalable à la construction communautaire ; elle est elle-même expression de communauté. L'indépendance (également financière) et l'intérêt personnel sont des questions ambiguës dans la mesure où ils empêchent facilement l'unification et la coopération humaines. Pourquoi est-il difficile d'amener les gens à une certaine unité et à s'engager ensemble dans le même projet ? N'est-ce pas parce qu'ils doivent alors renoncer à une partie de leur indépendance et être prêts à sacrifier une partie de leur intérêt personnel ? Avec quelle facilité un conflit ne dégénère-t-il pas en une véritable division entre les personnes ? Parce que la solidarité entre les personnes en dépend, l'esprit de pauvreté ne doit pas être sous-estimé. Il en va d’une réalité importante. Et ce n'est pas seulement vrai pour la grande communauté de l'humanité ; il s'applique également au petit groupe, qui comprend également un groupe religieux. Là aussi, la solidarité est rompue lorsque chacun commence à chercher « le sien ». Pacôme avait déjà mis en garde contre cela : plus les biens matériels croissent, plus il est difficile d'être d'un seul cœur avec les sœurs et les frères, et moins il y a de paix ; pas de vraie communauté (koinonia) sans réelle pauvreté.

L'actualité du vœu de pauvreté serait-elle épuisée ? Ce n'est pas à moi d'en juger. L'histoire et la pratique de la vie le montreront. Tout ce que j'ai voulu faire, c'est dévoiler les nombreuses significations différentes de la pauvreté. Non pas comme si cet exposé ne pouvait être complété, mais pour apporter une richesse de sens en vue d'une réinterprétation du vœu de pauvreté. Il peut être important de ne pas perdre de vue les consignes suivantes :

1) La pauvreté n'est pas seulement de nature économico-matérielle ; c'est aussi une réalité psychique. Une attitude du cœur, allant de l'attitude de foi envers Dieu aux relations les plus tangibles entre les personnes.     

2) La pauvreté tant matérielle que psychique joue un rôle important à deux niveaux : à savoir le personnel et le social. Après tout, les deux peuvent contribuer de manière significative au développement et à la libération de sa propre personne, mais aussi à la promotion et à la libération des autres. Dans les deux cas, il s'agit de devenir plus humain.     

3) C'est précisément sur le plan social et communautaire que de différentes orientations sont possibles, selon l’accent on y met. On peut orienter la pauvreté vers la construction de la communauté dans laquelle on vit (le groupe de vie). Elle peut être dirigée aussi vers la communauté au sens large, à des personnes extérieures (en dehors de son propre groupe de vie), car, par exemple, pour des raisons apostoliques, on veut vivre au même niveau que les personnes au milieu desquelles l’on vit. Finalement, la pauvreté peut aussi être vécue de manière plus mondaine (mais non moins évangélique) comme solidarité et amitié avec les plus démunis.