Critères de la dimension religieuse

Les signes positifs de la vie spirituelle

Critères de la dimension religieuse

LES CRITERES DE DISCERNMENT VOCATIONNEL AU COURS DE LA FORMATION INITIALE

(suite de la publication du 19/02/2022)

II. Critères de la dimension religieuse

3) Les signes positifs de la vie spirituelle

Sans pour autant exiger que le candidat ait une vie spirituelle très profonde, il est très important dans le discernement vocationnel de prêter attention sur les signes positifs de la vie spirituelle du candidat, pour voir les fruits concrets de son expérience religieuse-vocationnelle : il s’agit de voir comment le jeune se laisse transformer par son expérience religieuse-vocationnelle. Il faut un minimum de croissance spirituelle et certains signes de collaboration active avec la grâce de Dieu dans sa vie quotidienne.

            La primauté de la vie spirituelle a été beaucoup soulignée dans l’enseignement de l’Eglise sur la vie consacrée. Par exemple, Vita Consecrata dit ceci :

« La vie spirituelle doit donc être en première place dans le projet des familles de vie consacrée, en sorte que tous les Instituts et toutes les communautés se présentent comme des écoles de spiritualité évangélique authentique. De cette option prioritaire, développée dans l'engagement personnel et communautaire, dépendent la fécondité apostolique, la générosité dans l'amour pour les pauvres, ainsi que la capacité de faire naître des vocations dans les nouvelles générations. C'est précisément la qualité spirituelle de la vie consacrée qui peut ébranler les personnes de notre temps, elles aussi assoiffées de valeurs absolues, et devenir un témoignage attirant » (VC, 93).

Vita consecrata nous donne même une définition synthétique de la vie spirituelle : « comprise comme la vie dans le Christ et la vie selon l'Esprit, se définit comme un itinéraire de fidélité croissante, où la personne consacrée est conduite par l'Esprit et configurée par lui au Christ, en pleine communion d'amour et de service dans l'Église » (VC, 93). La même Exhortation décrit les moyens que la tradition chrétienne a toujours recommandés pour la croissance spirituelle de tout baptisé, mais d’une manière particulière pour la vie spirituelle de la personne consacrée. Il s’agit de : la lectio divina, la méditation quotidienne de la Parole de Dieu, la célébration quotidienne de l’Eucharistie (cœur de la vie ecclésiale et de vie consacrée), la liturgie des heures, la réception régulière du Sacrement de la Réconciliation, la lecture spirituelle, la direction spirituelle, la dévotion mariale (cf. Vita Consecrata, 94-95 ; voir aussi Perfectae Caritatis, 6).

            A cet égard, les questions d’ordre pratique permettent de bien analyser ce que vit le candidat dans sa vie spirituelle : A-t-il terminé l’initiation chrétienne[1]? Comment prie-t-il ? Va-t-il à la messe ? Quelle est sa dévotion personnelle ? Comment vit-il les sacrements ? Se confesse-t-il ? Comme jeune, a-t-il participé à des groupes de prière ? Comment progresse-t-il dans la direction spirituelle ? Comment décrit-il sa relation avec Dieu ? Quel est son passage biblique préféré ? Quel est son saint préféré ?  Pourquoi ? Quels sont les points forts et faibles de sa vie spirituelle ?

En discerner la vie spirituelle, une attention particulière se portera sur l’expérience de la croix dans la vie du jeune, car il est fort possible que le jeune fuie les difficultés ou les responsabilités de la vie familiale pour chercher la dolce vita dans la vie sacerdotale ou religieuse, sans pour autant avoir la vocation. A cet égard, il est intéressant de voir comment certaines vocations ont été liées à des expériences concrètes de la souffrance personnelle ou celle des autres : Moïse, François d’Assise, Ignace de Loyola, Mère Thérèse de Calcutta, Jean Vanier, etc.[2]. Il existe donc un lien étroit entre la vocation à la vie consacrée et l’expérience de la croix :

La vie consacrée reflète cette splendeur de l'amour, parce qu'elle fait profession, par sa fidélité au mystère du Calvaire, de croire à l'amour du Père, du Fils et de l'Esprit Saint et d'en vivre. Elle contribue ainsi à garder vivante dans l'Église la conscience que la Croix est la surabondance de l'amour de Dieu qui se répand sur le monde. La Croix est le grand signe de la présence salvifique du Christ, et cela spécialement dans les difficultés et les épreuves. Un grand nombre de personnes consacrées en témoignent continuellement avec un courage digne de profonde admiration, en vivant souvent dans des situations difficiles, jusqu'à la persécution et au martyre (J P II, Vita Consecrata, 24).

[1] Car, comme nous met en garde la CIVCSVA, « Il arrive en effet que les candidats qui se présentent n'aient pas tous achevé leur initiation chrétienne (sacramentelle, doctrinale et morale) et manquent de quelques éléments d'une vie chrétienne ordinaire » (CIVCSVA, Directives sur la formation, PI, n.43). Voilà pourquoi, selon les indications du Code du Droit Canonique, avant d’admettre au noviciat, les candidats doivent être baptisés, confirmés et libres (cfr. Code du Droit Canonique, n. 645). 

[2] Sur le lien entre la vocation et l’expérience de la croix, voir Amedeo CENCINI,  La croce, verità della vita: ricerca vocazionale ed esperienza della croce, Ed. Paoline, 2002.